Véritable “serial entrepreneur”, Alexandre Mars a créé et vendu plusieurs entreprises avec succès au cours de sa vie. Toutefois, loin de s’arrêter à l’aspect social et financier, il s’est toujours attaché à montrer que l’on pouvait réussir tout en donnant un sens à sa réussite. Animé très jeune par l’envie d’aider, ce philanthrope du XXIe siècle se définit comme “un citoyen qui comprend qu’il n’y a pas de futur si on aide pas”. Il a donc voulu placer l’aide et le don au coeur de sa vie quotidienne, personnelle et professionnelle.
“On peut changer le monde tout en faisant du bénéfice”
Dans cette optique, Alexandre Mars fonde en 2014 la fondation à but non-lucratif Epic, qui sélectionne et soutient financièrement des organisations qui luttent contre les inégalités qui touchent les jeunes. Epic propose différentes solutions de don telles que l’arrondi sur salaire, grâce auquel les salariés peuvent donner des petites sommes à une cause qu’ils choisissent, ou encore le “sharing pledge”, qui permet aux entrepreneurs de reverser un pourcentage de leurs actions ou bénéfices au profit d’oeuvres. Ces modèles sont faciles à intégrer, indolores, et permettent de changer concrètement le monde.
Les organisations soutenues par Epic ne sont pas sélectionnées au hasard, elles doivent correspondre à 45 critères développés par la fondation, tels que l’impact social ou la gouvernance. Cet engagement a permis de déployer plus de trente millions d’euros dans des associations auxquelles la fondation voue une confiance totale, changeant ainsi la trajectoire de centaines de milliers de jeunes dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la protection et de l’insertion.
Comment encourager les entreprises à promouvoir le service humain ?
Alexandre Mars affirme qu’il est désormais essentiel pour les entreprises d’intégrer une logique d’aide à leur offre, et que celles qui s’y refusent vont pérécliter. Nous sommes tous des consommateurs-citoyens, de plus en plus concernés par les valeurs d’écologie et de solidarité, comme le prouve le succès de sociétés telles qu’Ecosia, Too Good To Go ou encore Yuka.
Les entreprises ont une forte responsabilité dans ce changement de paradigme et doivent donc réserver une partie de leur agenda à ces nouvelles valeurs et actions. Toute entité de notre système économique actuel va devoir se réinventer pour trouver un alignement entre profit et sens, en utilisant par exemple des labels tels que B Corp, une certification octroyée aux sociétés qui répondent à des exigences sociétales et environnementales.
Favoriser le passage à l’acte : Ose !
Le livre Ose !, écrit par Alexandre Mars et publié il y a peu, recense une vingtaine de conseils pour oser agir, entreprendre et servir. C’est le livre que son auteur aurait aimé avoir lorsqu’il a monté chacune de ses entreprises. Parmi les conseils délivrés, issus des réponses de trente entrepreneurs, on retrouve l’importance d’assumer ses échecs ou encore de ne pas attendre l’idée unique. “Euréka n’existe pas”, nous explique Alexandre Mars. Selon lui, il faut déconstruire le mythe de l’entrepreneur-génie qui brasse des millions d’euros, car en réalité, tout le monde peut être considéré comme entrepreneur : un freelance, un boulanger, un responsable d’association. Ce qui compte, c’est le travail et le sens qu’on lui donne.
C’est en effet aux nombreuses heures de travail fournies qu’Alexandre Mars estime devoir son succès : “J’ai réussi plus que d’autres parce que j’ai travaillé plus que d’autres”.
Toutefois, l’entrepreneur ne cherche pas à véhiculer un message d’argent et de productivité, car selon lui, le succès est inachevé si l’on ne parvient pas à définir le sens de sa mission. Il faut trouver sa motivation, sa raison de se lever le matin, et toujours se demander comment faire mieux. Pour Alexandre Mars, c’est le partage et le don qui guident sa vie et qui font que chaque jour, il s’applique à se renouveler et à se comporter en activiste du changement.
Jeanne PAVARD