Un monde entrepreneurial réinventé
« Faire du bien avec, et pour les autres ». C’est ainsi que débute Alexandre Mars, invité d’honneur, entrepreneur et philanthrope convaincu, à la plénière d’ouverture de cette quatorzième édition du World Forum. La philanthropie, qu’elle soit sociale ou environnementale, est au cœur des discours des dix-sept lauréats des trophées de l’économie responsable présents à cette plénière. La réussite n’est aujourd’hui pas que financière, mais protéiforme. Les entrepreneurs modernes doivent être porteurs de missions visant à mettre une pierre à l’édifice d’un monde plus juste.
En plus de se donner les moyens pour aider les autres, il faut les avoir. C’est le principe qui a guidé Mars dans la gestion de ses différentes entreprises. Il fait partie de ces nombreux entrepreneurs qui cherchent à développer l’engagement des entreprises face aux défis globaux. Leurs agendas visent à être en partie, voire totalement dévolus à l’aide aux plus démunis et aux problèmes environnementaux. Différents modèles au sein du monde entrepreneurial se développent peu à peu afin d’encourager l’ensemble des parties prenantes à s’engager.
Des citoyens activistes ?
La crise sanitaire a fait réagir. Une volonté d’aider les autres à travers l’activisme citoyen s’est développée. Mais cette dynamique va de pair avec une méfiance grandissante envers les structures pouvant faire du greenwashing ou socialwashing. Les entreprises doivent donc de plus en plus passer par des critères de sélection exigeants afin de créer un lien de confiance avec les consommateurs. L’aspect humain est une variable non négligeable que les entreprises se doivent d’intégrer. C’est le point de vue de Marie-Hélène Foubet, directrice générale de SIA Habitat, qui considère que sa mission ne s’arrête pas à la construction de logements. Son but principal est d’accompagner et de connaître les habitants de cette région. Une chose est donc certaine : les consommateurs sont prêts à faire les choses différemment, obligeant ainsi les citoyens à faire de même en se réinventant.
Une nouvelle économie responsable
Face à cette prise de conscience citoyenne, envisager une nouvelle économie responsable est devenu depuis peu le leitmotiv des pouvoirs publics. Cette dernière est un moyen nécessaire pour se transformer. L’économie circulaire devra être intégrée au sein des stratégies et processus des entreprises. Nathan Douillard, cofondateur de la start-up La Virgule et lauréat du trophée coup de cœur du public, témoigne : « la force de notre société viendra de la circularité ». Cette structure a misé sur ce mode de production en faisant le choix de valoriser les déchets, qu’elle transforme en ressource majeure. L’économie circulaire est aussi portée par des soutiens financiers ainsi que par de nouvelles techniques éco-responsables comme l’écodesign et l’éco-conception. Thierry Delcourt, dirigeant d’Urbaneo, montre l’importance de cette dernière dans la volonté de minimiser l’impact environnemental de son entreprise. Cette transformation de l’économie passe d’abord par les territoires, qui ont le devoir et la possibilité de faire et de créer en France. Ce sera grâce à la mobilisation générale de tous les acteurs que les choses évolueront positivement. Enfin, Jean-Pierre Letartre, président du World Forum, précise que cette économie ne sera pas signe de décroissance, mais d’une croissance différente et responsable.
Une gouvernance globale et plus éthique
Derrière le slogan « The last chance », thème de cette quatorzième édition du World Forum, se cache un enjeu de plus en plus palpable et présent dans toutes les consciences. Olivia Grégoire, est secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance et est chargée de l’économie sociale, solidaire et responsable. Elle montre que la question de la gouvernance au sein des entreprises est fondamentale pour changer les choses durablement. Les enjeux concernant l’impact social et environnemental ont évincé les questions de gouvernance. Or, les entreprises doivent disposer des bons outils pour une prise de décision plus effective afin de répondre à ces défis globaux ; d’autant plus que les consommateurs sont sensibilisés et deviennent « citoyens-consommateurs ». Ils veulent acheter local, directement à leur producteur et être impliqués dans les processus de décision. L’entreprise Tape à l’œil s’est ainsi engagée dans une logique de co-construction et de co-création avec ses clients. Le résultat est sans appel : ce modèle permet aux clients d’être informés et inclus dans l’entreprise, tandis que cette dernière bénéficie d’idées concrètes au plus proche de sa clientèle.
Pour Alexandre Mars, l’optimisme doit primer. Il n’existe pas de réponse face au phénomène de mondialisation qui entraîne l’appauvrissement de certains territoires et populations. Mais il est possible d’innover d’envisager et de vouloir faire. Il est convaincu que si ces solutions marchent quelque part, alors il sera possible d’exporter ces modèles ailleurs.
Il est certain en tout cas que le monde ne peut plus continuer comme avant. Ces entrepreneurs et lauréats de l’économie responsable l’ont compris. Tous essaient d’avancer dans une direction écologique et sociale responsable, en combinant gouvernance globale et concepts éco-responsables. Leur but est le même : faire de la philanthropie un modèle permettant au monde entrepreneurial de se réinventer et de répondre aux nouvelles attentes des citoyens consommateurs. Ces derniers l’ont finalement compris. Même si le monde de demain ne représente peut-être pas la dernière chance, il n’en est pas moins vrai que les risques sont réels.
Ninon Paulissen