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L’agriculture en 2050 : traçable, transparente, résiliente

L’agriculture en 2050 : traçable, transparente, résiliente

En 2050, on prévoit plus de 10 milliards d’habitants sur la planète, c’est 2,3 milliards de bouches à nourrir en plus. Pour répondre à cet enjeu sociétal, économique mais également environnemental, cette keynote nous propose de délier les problématiques principales liées à notre alimentation.

Comme Edouard Bergeon le décrit, ce sujet touche la terre entière. Entre état des lieux pour changer les idées reçues et promotion de la collaboration entre les agriculteurs et les idées reçues, il nous fait part de ses nombreux projets en lien avec l’agriculture. Fils d’agriculteur, les problématiques de ce monde ne lui échappent pas. Après son film “Au nom de la terre”, il raconte son propre parcours, celui de sa famille et surtout de son père, interprété par Guillaume Canet. Il met également en avant son livre “Cultivons-nous, Bien manger avec les paysans d’aujourd’hui” paru en début du mois, pour promouvoir “la vie de ceux qui nous nourrissent ». Son souhait ? Fortifier le lien qui unit les consommateurs avec les agriculteurs, un lien du champ jusqu’à l’assiette.

La traçabilité, enjeu non-négociable

Pour Maxine Roper, l’enjeu réside dans la traçabilité. C’est la mission que Connecting Food, dont elle est la cofondatrice, s’est investie. C’est un tiers de confiance qui manie la blockchain afin de restaurer un lien de confiance entre les consommateurs et leur alimentation. Maxine Roper en est bien consciente; sans la ferme, l’alimentation n’existe pas. Il est donc nécessaire de faire appel à une traçabilité et une transparence, pour permettre aux consommateurs de savoir “d’où vient le produit, où il a été fabriqué, par où il est passé”. C’est pour elle le seul moyen d’assurer aux consommateurs un achat informé et éclairé.

“Faites du bien avec votre épargne, mettez la au vert !”

Quant à Sophie Cucheval, elle nous fait part de la grande ambition de Miimosa, une plateforme de financement participatif consacrée aux projets d’agriculture et d’alimentation durables. La plateforme tire son nom du mimosa, une fleur qui pousse pendant la saison hivernale, symbole d’optimisme et de renouveau. C’est le message de Sophie Cucheval : elle voit une nécessaire transformation et renouveau du secteur agricole, menant vers une consommation plus durable. Elle conseille à l’auditorium : “faites du bien avec votre épargne, mettez la au vert !”

Le secteur agricole : clef d’un développement générationnel durable

Le progrès agricole est une évolution complexe qui nécessite une coordination à tous les niveaux. Edouard Bergeon voit une évolution positive, mais surtout, il tire un constat bien particulier : pour lui, cela ne fait pas de doute, l’agriculture française est la plus vertueuse et la plus durable du monde. Le problème majeur n’est pas un problème de savoir-faire mais de faire-savoir, il faut créer des vocations chez les plus jeunes. Le milieu agricole n’est pas assez attrayant, il pose de nombreux soucis, comme la précarité, l’insécurité, la fragilité, notamment climatique. Pourtant, l’agriculture est un secteur clef de la transition écologique : c’est le 2ème capteur de carbone, après les océans. Il est nécessaire de s’engager, de financer, de soutenir le milieu agricole, de remettre ce secteur au cœur de notre société. Pour lui, la révolution agricole de demain, c’est une agriculture technologique, “avec des drones et des lasers”, ce qui évite l’utilisation de la chimie tout en facilitant le train de vie des agriculteurs. La mécanisation, c’est “le confort pour l’agriculteur” proclame Sophie Cucheval. Comme le rappelle Bertrand Achte, le métier d’agriculteur est un métier d’une vie, lorsqu’on est éleveur, “la traite, c’est 3 fois par jour, 365 jours par an”. Le milieu agricole a besoin d’une aide des pouvoirs publics mais également du monde financier, c’est ainsi que Sophie Cucheval dénonce une réponse financière timide, “pas assez poussée pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux qui se présentent à nous”.

Consommateurs ou consom’acteurs ?

La question est posée : le consommateur est-il prêt à payer plus cher pour ces transformations ? Pour Edouard Bergeon, c’est oui : il illustre son point avec l’initiative “C’est qui le patron ?!”, une marque de produits co-construits en soutien aux producteurs. Les intervenants sont d’accord : oui, les consommateurs (ou plutôt consom’acteurs) sont prêts à payer le prix d’une agriculture plus juste. On assiste à une création de valeur, avec une nécessité de contrôler son coût. Cependant, la transparence et la traçabilité des produits ne sont pas négociables. Ils doivent savoir et surtout comprendre cette augmentation. Les consommateurs ont un pouvoir dans leur poche : 3 fois par jour, à chaque repas, ils votent pour l’agriculture et le mode de production qui leur convient.

L’agriculture en 2050, c’est une agriculture innovante, rémunératrice, au cœur de notre société, qui fait rêver.

Lola BROCHART