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Julia Faure : « L’entreprise militante, véhicule citoyen »

Photos of Julia Faure : « L’entreprise militante, véhicule citoyen »

Cofondatrice de l’entreprise Loom depuis 2017, Julia Faure a fait de son militantisme écologique une activité aussi responsable que viable. Invitée au World Forum For A Responsible Economy, elle fait partie des acteurs et actrices des entreprises responsables.

Souriante et vêtue d’un sweat, Julia Faure arrive décontractée sur l’estrade de la Chambre des Commerces. Il faut dire que l’entrepreneuse est dans son élément, au milieu des discours sur le développement durable. Elle est elle-même engagée professionnellement dans cette voie depuis maintenant des années. Son parcours d’études ? Un Master d’agronomie à AgroParisTech, ainsi qu’un autre en études du genre à la Universidad Autonoma de Madrid. Un bagage plutôt hétéroclite, qui semble avoir porté ses fruits. Après avoir travaillé pour Amazon en Espagne, et pour La Ruche qui dit Oui !, une boutique d’alimentation responsable, elle décide de monter son propre projet.

Loom, selon ses propres mots, c’est produire « moins mais mieux ». Depuis vingt ans, le concept de fast fashion fait des ravages sur l’environnement, et encourage l’exploitation de personnes mineures, condamnant ces dernières à une précarité extrême. Chacun le sait, l’industrie du textile abîme autant qu’elle habille. La solution de Julia Faure réside donc dans le fait de proposer des vêtements issus d’une activité responsable, et surtout durable. Rencontre avec l’entrepreneuse militante !

– Une « entreprise militante », qu’est-ce que c’est ?

Une entreprise militante est une entreprise qui va défendre politiquement des lois qui peuvent la désavantager, à condition que ces lois servent l’intérêt général.

– Dans le contexte que nous connaissons, comment une entreprise peut-elle être militante, sans se faire écraser par la concurrence qui, elle, ne l’est pas ?

Il faut que les lois arrêtent de favoriser les entreprises les plus polluantes et destructrices de l’environnement. Par exemple, si on avait un système qui taxait les externalités négatives, un système qui empêchent le dumping social et écologique, ce serait un désavantage économique de mal faire.

– Qu’attendez-vous du World Forum for a Responsible Economy ?

J’aime bien cette idée de voir l’entreprise comme un véhicule citoyen. On voit bien des jeunes manifester, des lycéens faire la grève, des ONG s’emparer de sujets. Il n’y a pas de raison que l’entreprise ne prenne pas une part citoyenne. Donc, ce que nous on essaie de faire avec le mouvement En Mode Climat, c’est que ça fasse tâche d’huile et que ça puisse être un modèle qui soit repris dans d’autres secteurs. Je crois aux discours.

– Pour votre entreprise Loom, vous avez utilisé le crowd equity, c’est-à-dire que vous avez levé des fonds auprès de votre communauté. Est-ce que vous pensez que cela peut marcher pour d’autres entreprises qui souhaitent être indépendantes ?

J’ai l’impression que c’est bel et bien une condition très importante pour être une entreprise libre et éthique. Il faut être sûr que tes financiers soient alignés avec l’intérêt général que tu veux porter. Si les financiers ne sont intéressés que par la rentabilité à court terme, ils ne vont pas laisser l’entreprise devenir militante. Pour Loom, c’était une condition de notre indépendance. Donc je pense que c’est un super outil pour toutes les entreprises qui ont une communauté, pour être indépendante et en même temps croître sereinement.

Pauline DEFÉLIX