Si l’on peut faire le choix de se tourner vers des produits certifiés «bio» ou «made in France», des acteurs s’engagent également afin que nous puissions choisir nos biens et nos services en fonction de la politique sociale et environnement des entreprises.
Tout droit importé des Etats-Unis, le label «B Corp» est en pleine expansion et se répand dans le monde entier dans le but de satisfaire les besoins de transparence des consommateurs ainsi que les exigences sociétales et environnementales de notre société.
Lors d’un workshop, une multitude de présentation et d’échanges ont permis de saisir parfaitement l’essence du sujet et de ses enjeux.
Benjamin Enault est le directeur associé d’UTOPIES, une agence de conseil orientée vers le développement durable et première entreprise française certifiée B Corp. Selon lui le B Corp ne peut être réduit à un label.
C’est un véritable mouvement qui a vu le jour il y a maintenant 11 ans aux Etats-Unis et qui voit sa certification être attribuée à de plus en plus d’entreprises à travers le monde. Cette dernière est octroyée aux sociétés commerciales répondant à des exigences précises. Elle s’acquiert grâce à l’obtention d’une note minimale de 80 points sur 200, calculée suite aux réponses d’un questionnaire : le Business Impact Assessment. Cela permet d’évaluer l’impact social et environnemental de l’entreprise.
Certaines soumettent la demande de vérification au B Lab alors que beaucoup se servent du résultat comme outil afin de jauger leurs performances.
Les notes sont publiques afin de promouvoir la transparence, mais permettent aussi de comparer les entreprises. Beaucoup s’appuient sur cette «compétition» et des progrès sont constatés chaque année.
La certification est renouvelable tous les 3 ans et coûte aux entreprises entre 500 et 50000$ annuellement, suivant leur chiffre d’affaire. En plus de celle-ci, la société peut modifier ses statuts juridiques, ce qui implique la validation de l’ensemble de ses actionnaires et administrateurs.
Tout cela s’opère dans le but de faire progresser la place des entreprises dans le monde, en tant qu’actrices du changement.
Le mouvement a fait son apparition il y a 3 ans en Europe et en France. A ce jour, on compte 65 entreprises certifiées au sein du pays. Elles sont 2600 à l’échelle mondiale et ce chiffre ne cesse d’augmenter. De plus en plus de sociétés s’y intéressent et souhaitent s’inscrire dans cette démarche plus que jamais en rapport avec les enjeux contemporains.
On retrouve parmi dans les B Corps Patagonia, Nature et Découvertes, mais aussi Ben&Jerry’s, les laboratoires Expanscience qui détiennent Mustela, ou encore Danone avec 9 filiales certifiées et représentant un tiers de leur chiffre d’affaire.
Pedro Tarak a cofondé en 2007 la première B Corp d’Argentine: Emprendia, une société de conseil axée sur les stratégies et la communication en matière de développement durable. En 2011 ce fut le tour de Sistema B, une organisation mondiale dédiée aux nouvelles économies. Alors qu’il existe aujourd’hui plus de 300 B Corps uniquement en Amérique latine, Pedro Tarak souhaite faire du mouvement B Corp un pilier du marché mondial.
La présence de l’intervenant Suvankar Mishra, PDG de la première société certifiée B Corp en Inde, est une preuve que la certification est en pleine expansion.
Le mouvement est en devenir et ses acteurs utilisent même le terme de «genèse». Cependant il est important de rappeler que l’objectif n’est pas d’obtenir la communauté la plus répandue possible, mais bien que celle-ci inspire de par ses valeurs, ses décisions et ses actions.
La finalité est bien l’émergence d’une seule et même voix : celle de l’alliance internationale des B Corps.
De par son ampleur, la certification permettra aux entreprises d’être reconnues des consommateurs souhaitant s’orienter vers une consommation plus éthique et responsable.
Devenir B Corp ce n’est pas la fin du processus, mais le début du chemin vers l’économie responsable de demain.
Johana Tessier