21A – Les Entreprises ont le pouvoir de transformer leur territoire
© Maxime Dufour Photographies
Chargé d’élaborer le programme énergétique d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle et président de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) depuis 2018, Arnaud Leroy est sans nul doute un visage politique de l’Ego Imperium.
Fervent défenseur de la cause écologique, le politicien est particulièrement préoccupé par la nécessité d’enclencher la transition. Au sein des territoires, de l’industrie et de la population, les paradigmes d’hier ne sont (dorénavant) plus capables de répondre aux problèmes écologiques et sociétaux. C’est donc en reprenant la présidence de l’ADEME qu’il met sa volonté au service du collectif : l’agence publique vise à animer, coordonner, faciliter et réaliser des opérations de protection de l’environnement et de maîtrise de l’énergie.
Transition : initiative des citoyens ou des politiques ?
Alors que cette treizième édition du World Forum se focalise tout particulièrement sur l’initiative citoyenne, Arnaud Leroy soutient que le pouvoir de changer les choses appartient à tous. Le ministère de l’Écologie et de la Transition énergétique doit indéniablement favoriser les choses par le biais de lois et de projets. Néanmoins, selon le président de l’ADEME, l’ampleur du changement attendu est telle que la société civile doit, à son tour, s’organiser. La première des mobilisations citoyennes ? C’est le vote en faveur des partis politiques proposant des programmes structurants et structurés. Même si le rôle de l’État est central, la responsabilité n’incombe pas seulement à ce dernier : « si les gens attendent le gouvernement, on n’est pas rendu comme on dit parfois, car l’État ne peut pas tout faire ! », souligne-t-il.
Où se place l’ADEME entre action civique et étatique ?
Pour l’homme politique, le changement ne pourra s’accomplir que par la coopération des acteurs à tous les niveaux. Les individus au sein des collectivités, les entreprises et les collectifs de citoyens ont ainsi pour mission de faire émerger des idées innovantes. L’ADEME, de son côté est là pour accompagner ces acteurs dans le financement et la réalisation de leurs projets. Cette agence est une aide et un tremplin à la prise de pouvoir des individus. Il illustre ce propos par l’accord signé le matin même avec la ville de Roubaix, ayant établie un programme innovant favorisant la durabilité. Il n’y a ainsi pas de secret : « c’est à chaque étage que chacun doit prendre sa responsabilité ». Enfin, Arnaud Leroy rappelle par-dessus tout l’importance du consommateur, détenant un pouvoir décisionnel majeur par le biais de sa politique d’achat.
« Nous sommes une société angoissée »
Quand on lui demande ce qui peut encore retenir la société à participer à cette fameuse transition, Arnaud Leroy répond sans hésiter. C’est le « fait de ne pas savoir ». Le changement est en effet au cœur des débats, mais personne ne peut être certain du monde qui en émergera. Cette « zone grise », comme il aime décrire l’atmosphère actuelle, est le résultat d’une rupture conséquente avec le modèle établie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’échelle du changement engendre une incertitude qui démotive les individus à prendre le pouvoir et génère à l’inverse une société angoissée, ce qui « se voit très bien dans la société française » remarque-t-il avec regret.
L’homme politique n’est néanmoins pas pessimiste. La transition peut être accomplie par une prise de pouvoir des communautés locales et par sa supervision à l’échelle étatique : c’est ainsi en travaillant de concert que les différents acteurs avanceront vers le monde de demain.
Apolline CONVAIN