Entretien avec Éric Campos, directeur de l’engagement sociétal du Crédit Agricole S.A, directeur général de CA Transitions & Énergies et membre du Comité exécutif du Crédit Agricole S.A.
Dans le cadre de son intervention à la plénière de ce mardi 21 novembre 2023, Eric Campos nous accorde un temps d’échange sur sa vision du dérèglement climatique et les solutions mises en œuvre au sein de l’entreprise Crédit Agricole pour contribuer au bien commun, dans un monde soumis à une perpétuelle compétition économique.
Que vous a appris votre expérience à l’étranger sur la responsabilité sociale des entreprises ?
« J’ai deux métiers. Je suis directeur de l’engagement sociétal du Crédit Agricole et donc c’est toute la question de l’engagement du groupe sur des questions sociales, sur des questions environnementales. Il est difficile d’avoir une vision analytique, car je pense que la question de la responsabilité des entreprises, la façon dont vous le vivez est le fruit à la fois de votre éducation et de vos valeurs.
Donc oui, sans aucun doute. Mon premier job, ça a été de travailler pour l’Agence française de développement. Donc forcément que c’est un métier qui est un métier à impact. Donc oui, oui, bien sûr, c’est toute ma trajectoire professionnelle. Mon éducation a probablement contribué à ça. »
Quel est votre rapport au secteur banque/finance et comment agissez-vous dans le développement économique des territoires ?
« J’ai travaillé cinq ans à La Sofider à l’île de la Réunion, qui était la Société de financement pour le développement de la Réunion. Donc, là encore, évidemment, on faisait des projets, des activités à impact. On travaillait dans le logement social pour l’accession à la propriété du plus grand nombre, et cetera Et ensuite, j’ai travaillé cinq ans au crédit Agricole, qui est une banque régionale qui gère le souci du développement économique des territoires.
Donc oui, le rapport que j’ai eu à la banque, ça a toujours été un rapport d’utilité publique. Être utile et être utile à tous. Et tant d’universalité, voilà l’utilité, l’universalité, c’est en fait la boussole. »
Quels sont les mots-clés de votre intervention et êtes-vous optimiste quant à l’avenir de la transition environnementale ?
« Tout d’abord, la question de la transformation de notre monde est une question d’une très grande complexité. Il n’y a pas une vérité. Mon premier constat, est que nous nous trouvons dans l’affrontement des vérités. Vous, vous avez la vérité parce que vous êtes scientifique et que vous dites qu’il faut absolument arrêter les énergies fossiles, et moi, j’ai ma vérité, parce que je dois continuer à vivre et à utiliser ces matériaux. L’affrontement des vérités, l’affrontement des horizons. Ce n’est pas le contexte qu’il faut pour transformer puisque la transformation, elle se fera de façon juste ou elle ne se fera pas, ou en tout cas pas de cette façon, elle mettra à mal l’humanité. Nous devons donc retrouver la confiance et la nuance. Il faut qu’on sorte du discours des radicalités pour entrer dans des discours de construction et finalement dans des choses qui sont populaires.
Vous savez que l’optimisme, c’est d’abord et avant tout le fruit de la volonté, et j’en ai.
Nous, notre préoccupation, c’est de s’assurer à chaque instant que ce qu’on fait, ce que je vais faire pour vous, ça sert aussi le bien commun. Ça, c’est notre raison d’être. On doit être dans cette recherche et donc je pourrais vous dire que, on fait de l’énergie, on accompagne les gens. Mais en fait, notre démarche, c’est une démarche holistique. Il faut que 100 % de notre activité prenne en compte la question environnementale. L’ambition que l’on a, c’est l’ambition de la triple performance, c’est d’être à la fois performant sur le plan financier, économique, social et environnemental. Il faut aller chercher cette triple performance et ça, c’est un long chemin pour construire. C’est parce que pendant ce temps-là, la compétition mondiale est continue. Les rapports de force continuent, la géopolitique continue et donc il faut. Le modèle français, c’est un modèle extraordinaire. Il faut qu’on le garde. Il faut qu’on fasse attention et il faut qu’on lui permette d’évoluer dans un contexte de compétition mondiale. Et ça, avec de la volonté. »
Propos recueillis par Leela Nedelec