Hier en fin d’après-midi, à l’occasion du World Forum for of Responsible Economy, se tenait une conférence sur la décarbonation des mobilités. Une table ronde organisée en partenariat avec le Forum Vies Mobiles a fait jaillir de brillantes idées et des solutions possibles pour réduire notre impact.
10h par semaine, tel est le temps que nous passons en moyenne à nous déplacer. En effet, avec la métropolisation de notre territoire français, les migrations pendulaires se sont démultipliées ces dernières années, entraînant une véritable dépendance à la mobilité rapide, quand 40 % des travailleurs sont encore amenés à se déplacer pendant l’exercice de leur profession.
Vers une mobilité douce et durable
La voiture reste le moyen de transport le plus utilisé pour ces déplacements, faute d’offre de transports en commun dans certaines zones rurales. Il est donc essentiel de repenser un système de mobilité efficace et durable. C’est le challenge que se sont lancé les différents acteurs de cette table ronde. Animé par Christophe Gay, co-directeur du Forum Vies Mobiles, le séminaire a accueilli des intervenants d’horizons bien différents ainsi qu’un public allant de l’étudiant en urbanisme au conseiller régional.
Chacun leur tour, les intervenants ont ainsi articulé des réflexions sur notre rapport aux déplacements sur nos différents territoires. Annelise Avril, Directrice Marketing, Innovation, Nouvelles mobilités du Groupe Keolis, propose une nouvelle analyse du domaine urbain via du « placemaking » (nouvelle approche de l’urbanisme cherchant à mettre en valeur le bien être des individus dans l’espace public). Par cela, elle arbore l’idée de la création de voies dédiées aux transports en commun et aux véhicules partagés qui garantiraient une fluidité conséquente pour nos déplacements quotidiens. Elle évoque également l’élaboration d’un système de paiement directement par carte bancaire à l’intérieur des transports en commun.
Réaménager le territoire en faveur des mobilités durables
Pierre Helwig, conseiller technique mobilités et espaces publics à la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg, évoque aussi une politique de réaménagement du territoire par le retravail de la voirie. Il imagine une rénovation des chemins de terre en pistes cyclables comme chez nos amis néerlandais ainsi qu’une offre cadencée des transports en commun aux tarifs clarifiés. Il insiste également sur le fait que les activités doivent se délocaliser le long des offres de mobilité. L’approche par l’aménagement du territoire n’est pas la seule vision adoptée pour nos mobilités durables puisque Arnaud Passalacqua ouvre un tout autre débat : la fiscalité. En effet, la conception d’un contrat individuel citoyen avec une carte à point serait une évolution pertinente pour nos déplacements. Les points seraient décomptés dès que vous prenez l’avion ou la voiture. Ces points seraient répartis en quotas qui s’établiraient selon la densité et l’offre de transport en commun (un habitant de la Lozère aura ainsi un quota plus élevé qu’un habitant de la région parisienne par exemple).
Ces propositions ont suscité de nombreuses réactions dans la salle, notamment pour la proposition d’Arnaud Passalacqua, professeur à l’École d’urbanisme de Paris qui serait trop « facile à contester ». Effectivement, le risque de la « naissance d’un marché des quotas » reste indéniable. Pour éviter cela, Arnaud Passalacqua suggère la création d’un marché à l’échelle européenne, non spéculatif et limité. Ainsi, personne n’est maître de tout acheter. Le public a également évoqué la non-action de nos politiques ainsi que l’impact sociologique dela voiture, vue comme symbole de réussite professionnelle et comme l’affirmation d’une situation stable.
Des initiatives citoyennes ont également été mises en valeur, comme le stop organisé en zone rurale ou la rosalie comme nouveau « bus scolaire ». En espérant que cette conférence donnera lieu à de nouvelles innovations durables dans la région des Hauts-de-France.
Zoé Larroque