Reporter World Forum

4C – Caroline RENOUX : « La quête du sens c’est bien mais l’exigence doit être forte ». 

4C – Caroline RENOUX : « La quête du sens c’est bien mais l’exigence doit être forte ». 

Face to face avec Caroline Renoux, Fondatrice et CEO du cabinet BIRDEO. Comment la RSE, et la conduite du changement en entreprise impacte le recrutement ? Caroline Renoux nous répond, au World Forum for a Responsible Economy.

Quelles sont les mutations significatives en termes de business models que vous avez observées en 12 ans ? 

« Il y a une vraie professionnalisation des métiers sur le sujet du développement durable et de la RSE.  Avant, on avait beaucoup de comptes à rendre sur de petites initiatives qui se faisaient. Aujourd’hui, ce sont des directions marketing entières qui regardent comment installer durablement l’économie circulaire dans les entreprises. On sent que ça s’intègre dans le business model. Les premières ont été les grandes entreprises au vu des contraintes réglementaires. »

Quelles sont les attentes des recruteurs vis-à-vis des profils recherchés ?   

« C’est compliqué pour eux. Je ne connais pas un secteur d’activité qui n’a pas des problèmes de recrutement. Pour moi, ceux dans une réelle quête de sens et une transformation des business model doivent également faire preuve d’exigence. Parfois, des gens me disent « Je veux travailler sur le climat mais je n’ai pas de compétences. »  C’est complexe, nous le voyons bien à travers la biodiversité, c’est un sujet complexe et on ne s’improvise pas expert de la biodiversité. La quête de sens c’est bien, mais il y a une exigence qui doit également être très forte. » 

Quels sont les secteurs qui recrutent le plus ? 

« Par exemple, la finance responsable, où les contraintes règlementaires sont de plus en plus fortes. Il y a des notions de risques à prendre en compte. Aujourd’hui, investir dans une entreprise très polluante représente un risque. Ce n’est pas uniquement l’opinion publique qui joue mais également la pénurie de pétrole ou la montée des prix, comme le montre la situation actuelle. La mode a vraiment mis du temps à se mettre sur le secteur mais on voit une transformation. Aujourd’hui, ce sont les entreprises intermédiaires qui se positionnent sur ces sujets.»

 Y-a-t-il de nouvelles compétences demandées dans ces secteurs ? 

« On ne peut pas être expert en tout mais les compétences privilégiées sont une bonne culture générale de tous les sujets : achats responsables, climat, reporting extra financier, savoir gérer des projets transversaux et savoir travailler en coopération, en compétition. Mais il faut également être courageux et tenace car on ne vous accueille pas avec un tapis rouge lorsque vous souhaitez changer le business model d’une entreprise. Il faut avoir beaucoup d’humilité parce que nous n’avons pas toutes les réponses. C’est beaucoup de test and learn et accepter que l’on se trompe parfois et qu’il faut recommencer. »

Quel est le message que vous souhaitiez faire passer à travers le WFRE ? Un message pour la jeune génération ? 

« Le message pour moi c’est qu’il y a encore quelques années, les gens qui voulaient faire de la RSE, de l’impact, étaient prêts à faire une croix sur leurs carrières. Aujourd’hui, au contraire, je crois vraiment que cela va être un accélérateur de carrières et qu’il ne faut pas hésiter à y aller, il y a de nombreuses choses formidables à faire et cela permet de faire de belles carrières. » 

Comment voyez-vous le futur du travail dans 10 ans ? 

« Je pense qu’il y aura beaucoup plus de collaboration et d’hybridation entre les organisations. On verra beaucoup plus de projets communs entre les pouvoirs publics, les entreprises privées, le rapport entre les fournisseurs et les clients. Mais cette transition est longue. On aimerait que ça aille plus vite mais la conduite du changement c’est long, il y a tellement d’enjeux. » 

Maëllie Gernidos