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11A / la transition socioécologique : enjeu géopolitique, coopération internationale et engagement des entreprises pour une meilleure adaptation 

11A / la transition socioécologique : enjeu géopolitique, coopération internationale et engagement des entreprises pour une meilleure adaptation 

Une coopération internationale, un engagement des entreprises et une transformation du commerce mondial nécessaire pour mener à une transition socioécologique. 

L’un des plus grands défis mondiaux complexes auquel nous devons tous faire face est la transition socioécologique. Elle nécessite une coopération internationale, des politiques commerciales durables et l’engagement actif des entreprises. Cette conférence explore les enjeux géopolitiques liés à cette transition cruciale vers un monde plus durable et équitable. Elle met également en avant le cas de la Chine qui, malgré les préjugés, se présente de nos jours comme étant un acteur de transition et de coopérations socioécologiques.

Cette conférence animée par Pierre Arnaud, directeur impact et innovation sociale du groupe IDKIDS depuis 2019, fait interagir Nathalie Bastianelli, fondatrice du forum WeBelongToChange, dédié aux innovations durables et à une consommation consciente. Elle est l’auteure de « Quand la Chine s’éveille verte », ainsi que Mathilde Mignot directrice de l’équipe Nature Based Solutions d’EcoAct.

EcoAct, un moyen pour les entreprises d’être accompagnées dans cette transition écologique 

EcoAct est une société de conseil internationale et un développeur de projets bas-carbone. Elle possède plusieurs antennes à l’international : à New York, à Londres, en Italie ou encore en Espagne. Le but de cet organisme est d’accompagner les entreprises, organisations, institutions et territoires afin de leur offrir la gamme de solutions la plus performante et la plus complète possible pour relever efficacement les enjeux environnementaux.

« Notre objectif est de faire en sorte que chaque entreprise arrive à avoir très peu, voire plus du tout d’impact sur l’environnement d’ici à 2050 », estime Mathilde Mignot.

Cet accompagnement se fait tout d’abord en engageant une réflexion sur la chaine de valeur. En effet, il est nécessaire d’engager en tant qu’entreprise une adaptation à ce changement puisque « ce n’est pas seulement nous qui avons un impact sur l’environnement, mais c’est aussi l’environnement qui a un impact sur nous », souligne-t-elle. Nous pouvons prendre exemple de certaines matières premières qui ne sont désormais plus disponibles. EcoAct va ainsi entreprendre « une réflexion pour repenser toutes les stratégies et les modèles d’industrie ». Cette réflexion s’effectue au travers de la création d’une cartographie de risques climatiques des entreprises, jusqu’à une analyse du cycle de vie de chaque produit. Cette analyse représente tous les impacts que le produit va provoquer du début jusqu’à sa fin de vie. EcoAct va faire le lien entre les données du GIEC et monde de l’entreprise pour les rendre accessibles.

Puis dans un second temps de réfléchir au-delà de leur périmètre d’activité, autrement dit au-delà de la chaine de valeur, en investissant sur des projets de luttes contre les changements climatique en France et à l’international. Comme l’indique Mathilde Mignot, il demeure compliqué de réduire à 100% l’émission de carbone des entreprises, « d’ici à 2050, le but est d’atteindre une réduction de 90%. Il faut donc investir dans un projet de préservation de l’environnement pour compenser ces 10% restants ».

Avec l’appui de nombreux experts, EcoAct propose des projets de préservation des forêts : tel que projet forestier au Cambodge, projet de plantation au Kenya, projet de préservation des forets en Éthiopie. Mais propose également des Projets dédiés aux énergies renouvelables : énergie solaire au Sénégal ou le biogaz en Chine. EcoAct va aider les entreprises à développer un projet de compensation carbone, va essayer de trouver des solutions sur mesure pour financer des projets certifiés et finalement aider à trouver des solutions pour le financement.

La Chine, un nouveau modèle de transition écologique ? 

Il est nécessaire que les entreprises agissent pour atteindre l’objectif pro-émission nette, mais pour élaborer une meilleure coopération internationale, il faut que les pays les plus émetteurs de carbone s’engagent dans un processus de transformation et de diminution. C’est le cas de la Chine et c’est ce dont Nathalie Bastianelli traite dans son ouvrage « Quand la Chine s’éveille verte » publié en 2021.

Le point de bascule de la prise de conscience environnementale chinoise s’est effectué en 2013, lorsqu’un nuage toxique, surnommé « airpocalypse » a envahi Pékin. Cela a entrainé 200 000 manifestations par la société civile chinoise dans le pays cette année-là. Suite à cela, Le gouvernement réagit et le premier Ministre Li Keqiang,« déclare la guerre » à la pollution. Environ 100 milliards de dollars par an, ont été investis dans les énergies renouvelables.

Le Président chinois Xi Jinping a donné trois objectifs principaux aux gouvernements locaux : la croissance économique, la stabilité sociale et les objectifs environnementaux. Tout d’abord, à l’échelle des entreprises, le gouvernement a établi des règles, des sanctions pénales avec une obligation de publication d’émissions CO2 et de la qualité de l’eau, reversée dans les rivières. Ces données sont accessibles par la population et ces dernières peuvent dénoncer les entreprises en cas de non-respect des règles. Les responsables des entreprises sont jugés et risquent la prison. Chaque entreprise à obligation de proposer des solutions sur comment elle accompagne le plan du gouvernement. Les entreprises chinoises ont la particularité d’agir très rapidement quant à l’innovation pour une meilleure adaptation aux matières premières par exemple. Mais la Chine propose aussi des technologies pouvant être utilisées à l’échelle de la société civile, comme dans le secteur de la mobilité, où le gouvernement souhaite réduire l’utilisation des voitures en faveur des vélos électriques partagés, comportant un panneau solaire intégrés dans le panier du vélo. Chaque individu a chez lui un appareil pour mesurer la pollution intérieure. De plus, le gouvernement met en place des congés spécifiques pour que les salariés puissent planter des arbres.

Il y a une réelle pression sur les entreprises de la part de la société civile. Tout le monde est engagé et sensibilisé. C’est une réelle volonté de changer de mode de vie puisque « quand vous habitez en Chine, vous ne regardez pas la météo, mais le taux de pollution dans l’air », témoigne l’experte. Cela relève d’un enjeu de survie.

Tous ces efforts s’illustrent au travers des chiffres énoncés par Nathalie Bastianelli. La Chine a pour objectif que le solaire représente 35% de leur mix énergétique d’ici à 2035. L’éolien représente 7% de son mix énergétique, ainsi que 40% du parc mondial. Le nucléaire englobe 5% d’électricité et a prévu de doubler en construisant 6 à 8 centrales nucléaires par an pendant 15 ans. Il y avait 22 barrages en 1949, ils en ont 22 000 aujourd’hui. Et enfin, ils investissent de plus en plus dans la Grande muraille verte qui constitue 60 milliards d’arbres dans les trois provinces du nord.

La question climatique représente de nos jours pour la Chine plus une zone de coopération et d’échange qu’une zone de compétition. Et c’est ce que Nathalie illustre avec la haute fréquentation de son forum WeBelong.

Solène Paris