Dans un monde secoué par les crises géopolitiques et les tensions internationales, les entreprises font face à des défis sans précédent, qui soulignent l’importance de la résilience, de la solidarité, et de la redéfinition des objectifs économiques dans des contextes tumultueux.
De l’impact de l’invasion russe en Ukraine aux questions cruciales de coopération entre les États-Unis et la Chine, ce récit captivant explore la façon dont les entreprises s’adaptent, surmontent l’adversité et s’engagent dans des actions pour préserver la sécurité et le bien-être de leurs employés.
Des crises aux multiples impacts
Les principaux challenges qui sont mis en avant abordent tout d’abord les enjeux en Ukraine. Comment les compagnies ont-elles pu s’adapter après l’invasion russe ? En temps de crise, la temporalité change, et l’adaptation constante est de mise. Enjeux d’image et d’approvisionnement, les crises sont autant d’opportunités pour les entreprises de repenser leurs objectifs, tant sur un plan humain que sur le plan financier.
D’autres questions se centrent sur les tensions entre les États-Unis et la Chine, et plus en général sur la mondialisation en suspens.
Geert Demuijnck évoque un exemple d’entreprise sur le secteur des énergies renouvelables, dont les actions ont chutés suite aux différentes crises. Il s’agit ici de l’entreprise Vestas. Leur objectif désormais ? Opérer une meilleure transition pour s’assurer un avenir durable et affronter les crises plus sereinement.
Ukraine : quel impact sur le monde de l’entreprise ?
S’ensuit le témoignage poignant de Nadiia Omelchenko, vice-présidente d’IT-Integrator. Elle raconte comment a vécu son entreprise pendant la guerre en Ukraine, et explique alors qu’ils se sont retrouvés à se préparer… Sans savoir pourquoi, combien de temps ni quel type de périple professionnel !
Une fois la situation plus claire, quoique toujours dramatique, leurs trois priorités ont été la sécurité, la collaboration et enfin, l’entraide. Des valeurs capitales en temps de crise, dans les relations personnelles comme professionnelles.
Des bureaux étaient disponibles pour se replier en cas de souci, et tous les employés ont dû développer des compétences spécifiques à ce contexte et acheminé du matériel tout en continuant à travailler d’arrache-pied.
Une autre préoccupation se dessine alors : la santé mentale et physique des employés. Les salariés devaient pouvoir venir travailler sereinement. Pour cela, ils ont par exemple proposé les services de psychologues. De surcroit, 70% des employés masculins pouvaient être mobilisés, ce sont donc majoritairement les femmes qui ont tenu l’entreprise au cours de ce conflit, jusqu’à présent.
Avec l’importance du travail en collectif s’est dessiné une seule préoccupation : développer la plateforme pour se défendre, qu’elle puisse être utilisée. Tout en faisant cela, l’entreprise apportait une grande aide aux ukrainiens pendant la guerre. En effet, beaucoup d’Ukrainiens ne possédaient pas d’ordinateurs, l’entreprise leur fournissait donc d’anciens outils. De plus, elle a permis d’installer le wifi dans les universités qui n’en possédaient pas.
Le plan ? Garantir la sécurité de la communauté et l’incorporation de l’éducation.
Ce témoignage bouleversant a suscité quelques interrogations. Geert Demuijnck commence en s’interrogeant sur le fait que, comme les missions de la compagnie ont été modifiées, était-ce vivable économiquement ? Nadiia Omelchenko répond à cela que le temps n’était pas à la compétition, et que collaboration était primordiale.
Maria Correa demande à son tour s’il a été possible de continuer à se préoccuper de l’environnement dans ce contexte. La réponse ? Il n’est pas possible de mettre totalement cela de côté, mais il faut savoir prioriser.
Et alors, sans la guerre, c’est plus facile ?
C’est au tour de Maria Correa, directrice de la communication et de l’engagement communautaire B Lab Europe, de parler de son expérience.
Au B Lab, l’idée est la mise en place d’un système économique inclusif, équitable et régénérateur pour tous les peuples et la planète. Vaste programme ! Maria Correa met alors en place B Corp, une certification pour toute entreprise qui respecte des normes élevées de performance, de responsabilisation et de transparence vérifiées, des avantages du personnel et des dons caritatifs, aux pratiques de la chaîne d’approvisionnement et aux documents d’entrée. Tout est donc passé en revue !
Elle commence en exposant un exemple qui interpelle : 1% des riches dégage les mêmes émissions que 40% des pauvres. Ces problèmes sont liés par exemple aux élections, à la pandémie de Covid-19, ou encore à la guerre. Pour remédier à cela, elle souligne trois principes clés de son entreprise : définir ce qu’est le succès, jouer collectif entre entreprises et s’améliorer perpétuellement.
« Il faut se fixer des limites et partager les richesses »
Enfin, thomas Breuzard présente à son tour son entreprise (Norsys) et son engagement. Il commence par rappeler qu’aujourd’hui, on voit bien que les états n’arrivent pas à répondre vite et à bonne échelle aux enjeux sociaux et environnementaux. Ce qui est dommage, c’est que bien souvent, il faut des crises pour que l’on voit des coopérations émerger.
Mais, est-ce normal que de petites entreprises avec un bon impact social environnemental paye les mêmes taxes qu’une multinationale ? Il estime que non et c’est pour remédier à cela que B corp œuvre chaque jour.
« Il faut se fixer des limites et partager les richesses », souligne l’expert. Comment s’y prendre ? En observant les limites de profit pour pouvoir aider à répondre aux enjeux environnementaux. Il évoque l’idée du renoncement qu’il conçoit très dur, mais nécessaire. Dans son entreprise, il y a un conseil éthique qui a pour objectif de prendre les décisions les plus justes. Lors de ce conseil, ils se retrouvent entre prestataire et client. Par exemple, les catalogues envoyés en Russie ont posé questions, car ce n’était pas idéal pour l’environnement. Or, lors de grand froid, les Russes ne peuvent pas sortir de chez eux. Le conseil a donc décidé de ne pas continuer à développer cette pratique, mais de ne pas arrêter leurs activités en Russie pour autant.
En temps de crise comme en temps de calme, les entreprises ont donc leur rôle à jouer pour une transition responsable et durable.
Sarah Bescond