« Construire ensemble un avenir plus durable pour nos territoires en s’inscrivant au cœur d’une économie circulaire ». Telle est l’ambition de la Cartonnerie Gondardennes, retranscrite en actions grâce à une démarche RSE de longue date, déployée à différents niveaux. Fabrication de produits durables grâce à un approvisionnement local, mise en place d’un processus de décarbonation, gestion innovante de l’eau et de l’énergie, tout en œuvrant pour les collaborateurs et le territoire, sont autant de points sur lesquels cette industrie ne cesse de se renouveler depuis près de 125 ans.
Venu témoigner à l’occasion du World Forum Saint-Omer tourné autour de l’efficience écologique le 19 octobre dernier, Laurent Fischer, directeur général, revient sur le chemin parcouru et à venir de ce site de production basé à Wardrecques, dans les Hauts-de-France.
Pouvez-vous nous partager des exemples de réussites, et de défis rencontrés durant la mise en œuvre de votre démarche RSE ?
Laurent Fischer (LF) : Du côté des réussites, nous sommes extrêmement fiers de la mise en place du réseau de chaleur en collaboration avec le SMFM et son centre de valorisation énergétique (CVE) de Flamoval. Ce dernier produit de la chaleur en brûlant les déchets de la communauté, que nous venons récupérer pour la transformer en vapeur grâce à un réseau de tuyaux de 4 km reliant nos deux usines. Cette vapeur est utilisée au sein de notre processus industriel au moment du séchage de nos papiers, ce qui permet d’avoir une énergie totalement décarbonée qui correspond à un tiers de nos émissions de CO2. De plus, près de 10 000 tonnes de déchets solides issus du tri des vieux papiers sont en partie envoyés au CVE, puis brûlés, pour produire à nouveau de l’énergie, créant ainsi une boucle vertueuse.
Si l’on se penche sur les défis auxquels nous sommes confrontés, ils concernent évidemment le financement de ces projets, car l’efficience énergétique et la décarbonation ont un coût. Par ailleurs, les règlements deviennent également de plus en plus complexes. Il y a donc des arbitrages à faire, qui sont le propre de tout dirigeant d’entreprise.
Selon vous, l’efficience écologique est-elle créatrice d’un avantage concurrentiel pour les entreprises qui choisissent de s’en imprégner ?
LF : De notre expérience, nous observons que de plus en plus d’industriels cherchent à réduire leur impact environnemental. Cela passe donc en partie par les emballages des produits qu’ils proposent à leurs consommateurs, que sont nos cartons. Au-delà de mettre en place une efficience écologique, le fait d’avoir une politique RSE établie nous est demandé par l’utilisateur final. Aujourd’hui, cela peut effectivement être un avantage concurrentiel. À terme, ce sera un désavantage concurrentiel de ne pas l’avoir, car cela sera devenu la norme.
Quelles sont vos ambitions pour le futur à ce sujet ?
LF : Depuis 1992, nous sommes en processus fermé de recyclabilité de l’eau au travers d’une station d’épuration. Nous récupérons nos eaux, et les réinjectons dans le processus industriel. Nous sommes en train d’investir pour 1,7 million d’euros autour de la récupération des eaux de pluie sur un espace 11 hectares. Cet investissement va nous permettre de réduire encore plus notre prélèvement d’eau. Cette gestion est un marqueur fort de notre engagement visionnaire dans la préservation des ressources hydriques, avec une consommation en eau qui équivaut à seulement un tiers d’une papeterie en circuit ouverte conventionnelle.
Nous avons notamment été nommés lauréats par l’ADEME pour des projets d’expérimentation, et bénéficions d’un accompagnement quant à la construction de notre trajectoire carbone pour 2030 et 2050. Notre objectif est de décarboner notre processus industriel au maximum.