Une entreprise sociale néerlandaise fabrique depuis 2012 des petites lampes à LED qui permettent aussi de recharger son portable, pour apporter l’énergie à ceux qui n’en ont pas.
Des familles venues sans rien, entassées dans des campements de fortune, qui survivent sans eau courante et sans électricité : depuis le début de la guerre en Syrie, c’est le quotidien de milliers de personnes. Ailleurs, dans d’autres zones de conflit, après des catastrophes naturelles ou encore dans des régions trop reculées pour être raccordées au réseau, c’est un milliard de gens qui, dès la nuit tombée, vivent dans l’obscurité. Une obscurité qui les pousse à utiliser des sources de lumière dangereuses et malsaines, comme des bougies ou des lampes à kérosène qui sont chaque jour à l’origine de graves brûlures et d’intoxications, et augmentent sur le long terme les risques de cancer du poumon. Une obscurité, aussi, qui les coupe du monde : 550 millions d’utilisateurs de téléphones portables dans le monde n’ont pas accès à une source d’énergie fiable et, pour les recharger, doivent souvent parcourir de longues distances et payer 20 à 25 centimes de dollar à chaque recharge — c’est 100 fois plus que le coût d’une recharge aux États-Unis. Au total, les foyers dépensent jusqu’à 20% de leurs revenus pour se fournir en lumière et en électricité pour leurs téléphones.
La jeune entreprise sociale WakaWaka a donc décidé de s’attaquer à ces deux problèmes de front, en développant une petite lampe torche LED à énergie solaire qui permet également de recharger les téléphones portables.
L’accès à l’énergie est un droit humain de base et est essentiel à la vie. Avoir accès à l’énergie, c’est aussi avoir accès à l’éducation, à la communication et à des possibilités de ressources.
L’accès à l’énergie, un droit humain
Pour l’entreprise sociale fondée aux Pays-Bas en 2012 par Maurits Groen et Camille van Gestel, « l’accès à l’énergie est un droit humain de base et est essentiel à la vie. Avoir accès à l’énergie, c’est aussi avoir accès à l’éducation, à la communication et à des possibilités de ressources. » Pour le donner au plus grand nombre, WakWaka table donc sur la source d’énergie la plus abondante, durable et disponible : le soleil. Ses petites lampes sont munies de panneaux solaires qui transforment la lumière du jour en électricité, restituée par des LED et sous la forme de courant électrique. Pour rendre les lampes accessibles à ceux qui en ont le plus besoin, WakaWaka s’appuie sur un réseau d’ONGs avec lesquelles elle collabore. Et pour solliciter les dons, elle mène des opérations de sensibilisation. Dernière en date, la campagne « Solar for Syria » : pour une lampe achetée, une lampe est donnée à des réfugiés dans un campement. L’opération a déjà permis de mettre en circulation 56,550 WakaWakas dans des campements en Syrie, au Liban, en Jordanie et en Irak. Prochain objectif : atteindre les 10 000.
Et il n’y a pas que la Syrie. À ce jour, nous apprend l’« Impact Map » de WakaWaka, il y aurait plus de 290 000 lampes en utilisation dans le monde, avec un impact sur plus de 1 260 000 personnes dans 61 pays différents. En plus de donner accès à la lumière et à l’énergie, WakaWaka permettrait d’économiser plus de 67 millions de dollars en dépenses d’énergie par an, et d’empêcher l’émission de 20 333 tonnes de CO2. Bien entendu, ces lampes ne représentent pas une solution durable et ne suffisent pas à sortir de la précarité énergétique le milliard de personnes qui en font l’expérience chaque jour. Mais c’est la preuve qu’une solution simple, adaptée aux besoins observés sur le terrain et rendue accessible à ceux qui en ont la plus grande utilité peut faire une vraie différence, ici et maintenant.
Bonne pratique à découvrir au 11e World Forum for a Responsible Economy
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