La réussite d’une entreprise passe par sa bonne intégration au territoire. Les relations avec les communautés locales sont donc essentielles au bon développement de l’entreprise notamment sur les territoires à risques. Frank Eba, Nicolas Krmic et Bertrand Monnet se sont tous les trois questionnés sur les relations communautés locales – entreprises et l’importance de la RSE.
Implantation sur territoires à risques
Lorsqu’une compagnie s’implante sur un nouveau territoire, elle fait face à un choix. Elle peut choisir de ne pas communiquer avec les locaux et d’importer les ressources et mains d’œuvres nécessaires. Elle peut aussi choisir une démarche plus humanitaire et assister le territoire en construisant des infrastructures. Cependant, ces deux modèles sont mal perçus par la société locale. Le premier modèle ne s’adapte pas au territoire. Le second, selon Nicolas Krmic, est vu par les communautés comme une démonstration de richesse qui n’apporte rien de durable au territoire.
« Un mauvais committee management »
« Pirates : menace sur le commerce mondial », documentaire de Bertand Monnet, présente le résultat d’une mauvaise politique de direction des compagnies pétrolières au Nigéria. Aujourd’hui, des groupes de pirates rendent le commerce pétrolier en danger. Leurs cibles sont les compagnies pétrolières et les stations de pompage « parce que ce sont eux qui créent le chaos dans le delta du Niger ». L’exploitation pétrolière ne bénéficie pas aux communautés locales qui la voient, par conséquent, comme un ennemi. L’absence de dialogue entreprise-communautés est un réel problème pour les populations locales souffrant de pauvreté. Ce « mauvais committee management » entraîne sur des territoires à risques une hausse de la criminalité menant à des kidnappings et des attaques visées sur les entreprises pétrolières.
L’intégration « win win »
« Un dialogue fort et transparent » entre les entreprises et les communautés locales est nécessaire. Pour une intégration durable sur un territoire une stratégie RSE doit être développée. L’entreprise doit alors s’impliquer à améliorer la santé, l’éducation, les revenus et l’autonomisation du territoire. Concrètement, la compagnie se doit d’établir un comité de liaison pour entreprendre une discussion avec les communautés. Elle doit être capable d’améliorer les conditions de vie des employés en adaptant sa politique en fonction du terrain. Il est important de « mettre en toute situation l’homme au centre du développement » (Franck Eba).
Développer une empreinte locale réelle
Subsea7 est aujourd’hui la seule compagnie pétrolière implantée à terre dans le delta du Niger. La région, correspondant à 40% des revenus de l’entreprise, est une « pépite économique » qui ne peut être perdue. Cette entreprise a pris parti du « capacity building ». Elle a choisi de se développer durablement sur le territoire grâce à un travail quasiment ethnologique et la mise en place de formations pour les communautés locales. En associant son modèle économique à l’environnement local, le comité de direction de Subsea7 est aujourd’hui composé de cinq locaux sur ces huit membres.
L’importance de la politique de management des entreprises est saisissante lors de l’implantation sur un territoire à risques. Un « bon committee management » permettra un développement durable de l’entreprise sur le territoire. Pour autant, avant que l’investissement de Subsea7 soit rentable, vingt-cinq ans ont passé. Développer une empreinte locale nécessite du temps et des actionnaires engagés et responsables capables d’investir à perte un certain temps. Une prise de conscience est primordiale, « il faut comprendre que la communauté est un rouage de la réussite de la compagnie sur place » (Nicolas Krmic). Le global doit s’adapter au local pour perdurer.
Aurélie Gestas