Comment se libérer des milles et uns facteurs de notre quotidien qui polluent encore et toujours ? La solution est parfois de simplement mieux gérer les ressources du territoire où l’on réside. Ce mercredi, plusieurs acteurs de Rev3 se sont réunis pour partager leurs expériences.
Rev3 est un rêve, comme l’indique son nom. Celui d’un territoire clean, durable, qui tire le meilleur parti de ses matières locales. Et c’est aussi une révolution, toujours comme son nom l’indique, car il reflète la détermination de ses adhérents pour faire des Hauts-de-France une des régions européennes les plus avancées dans le développement durable.
Didier Copin, directeur de Rev3 et développement durable, présente cette action.
« Pourquoi Rev3 ? Parce qu’il y a une urgence écologique. Le 29 juillet dernier,, nous avons consommé les ressources que la planète peut régénérer en un an. Rev3 propose un nouveau modèle de développement avec des énergies renouvelables. » Et dans les Hauts-de-France les énergies renouvelables sont déjà exploitées. Les panneaux photovoltaïques d’abord, mais aussi le bio-méthane, «Quarante unités de bio-méthane sont en injection. », se félicite Didier Copin.
Pour mener à bien cette révolution du modèle de développement, il est nécessaire de promouvoir une économie circulaire. Cela passe donc par la transformation des déchets en bioproduits. Et bien sûr, valoriser la production locale, savoir mutualiser les services. « Pour cela, évidemment il y a différent acteurs qui aident », enchaîne Didier Copin.
La conscience des possibles
Un autre invité en visioconférence, Eric Delhaye, maire de Laon, renchérit sur les synergies potentielles du territoire. Lui-même livre les résultats d’une étude détaillée sur une possible économie circulaire. Il en résulte un noyau d’entreprises prêtes à agir.
Michel Milares, fondateur de Gecco, partage quant à lui l’utilité prouvée par quatre ans d’activité. La spécialité de cette entreprise est la collecte et l’utilisation de déchets de restauration. Il cite l’exemple de l’huile de friture, déchet très répandu dans la région. Il évoque notamment l’importance de la communication, car les gens ne sont pas toujours au courant qu’ils peuvent s’en débarrasser de cette manière. « Beaucoup de gens ne savent pas qu’on peut valoriser ce déchet. »
Alexandre Garcin, 3e adjoint au maire de la ville de Roubaix, ne manque pas de citer l’exemple de sa municipalité. En 2014, Roubaix a lancé le programme « Zéro Déchets », et oriente ses habitants vers des alternatives au gaspillage. Il raconte : « Par exemple, l’entreprise OVH utilise beaucoup d’emballage en mousse pour protéger des objets électroniques. Aujourd’hui, ils sont récupérés et utilisés pour une entreprise de meubles d’aménagement. Ce genre d’initiative encourage l’aide à l’emploi. Le développement durable, c’est à la fois un enjeu de ressources, mais un enjeu humain, et un enjeu de lien social. »
Une conclusion qui lui vaut l’approbation de tous. Michaël Verdier, ajoute « On ne peut pas travailler dans son coin si on veut faire quelque chose de pérenne. »
En passant à l’action : la table ronde des entrepreneurs
Parler de Rev3, c’est bien. Mais en parler d’expérience, c’est mieux. Quatre entrepreneurs ont été invités à partager leur témoignage sur l’aide reçu auprès de Rev3 mettre leur grain de sel dans la révolution durable. Camille Deligne, productrice de gobelet lavable à partir de lin, raconte « J’ai intégré Rev3 parce qu’on c’était complètement dans mes valeurs. Il y a eu des échanges dès les prémices du projet. Je suis contente de vendre un objet non jetable, mais aussi fabriqué grâce à une matière produite localement. » Morgane Croquellois, fondatrice de Rewood, entreprise revalorisant le bois local, a pu quant à elle s’appuyer sur un maillage local à travers le territoire. Le témoignage de Christophe Longle, à la tête de Casamiam, attire l’attention sur la condition des agriculteurs. Lui-même fils de l’un d’eux, il met en lumière leur désavantage dans le système alimentaire. Sur 100 euros d’achats en nourriture, seulement 6,50 euros reviennet au producteur. Donc se concentrer sur une production locale permet une meilleure rétribution des agriculteurs, et limite le gaspillage.
D’autres entrepreneurs se succèdent, chacun racontant son histoire, son aventure dans la croissance écologique. Michael Duvette raconte les merveilles qu’il y a à tirer de la drèche de brasserie, sous-produit végétal issu de la fabrication de la bière et de la transformation de l’orge en malt, grâce à Nogashi. Loïc Debrabander, fondateur de Vegskim, démontre avec un grand sourire que oui, on peut se passer d’animaux pour produire un cuir végétal, aussi beau et moins polluant.
Pauline Defélix