Judy Wicks, personnalité emblématique de l’édition « SUPER LOCAL » du Forum Mondial de l’Economie Responsable de 2018, revient sur sa vision du monde de demain.
Depuis la Pennsylvanie, Judy Wicks insiste sur le développement crucial de l’échelle locale. Activiste, entrepreneure, autrice et conférencière, elle travaille à bâtir une économie plus humaine, juste, régénératrice et locale. Elle est également la fondatrice de « Tous ensemble maintenant en Pennsylvanie », une organisation qui vise à réunir les communautés rurales et urbaines pour construire des économies régionales produisant localement nos besoins vitaux (nourriture, fibres, énergie).
« Notre survie dépend vraiment de notre autonomie locale »
Selon Judy Wicks, le local constitue l’un des moyens les plus importants pour lutter contre le changement climatique, mais également contre les épidémies et autres menaces qui l’accompagnent. Pendant la pandémie de la covid-19 et le confinement, nous avons notamment assisté à un effondrement du système alimentaire industrialisé, concentré et contrôlé par les entreprises. « Les agriculteurs versaient leur lait dans les égouts et abattaient leurs cochons pendant que nos épiceries étaient vides », relate l’experte. Pendant ce temps, ce sont les agriculteurs locaux qui ont réussi à reprendre la main « en créant de nouveaux systèmes de distribution pour acheminer la nourriture dans les villes ». Elle décrit ces événements comme un appel, une prise de conscience pour comprendre que « notre survie dépend vraiment de notre autonomie locale ».
Il y a 3 ans, Judy Wicks insistait sur la nécessité de faire évoluer notre économie vers un modèle local, pour produire directement les produits répondant à nos besoins vitaux. C’est un moyen de transférer pouvoir et richesses des entreprises lointaines et déconnectées vers nos communautés. Aujourd’hui, ce constat est plus vrai que jamais.
Repenser un modèle inégalitaire
En effet, la relocalisation de nos activités et de notre économie n’est pas simplement une solution environnementale, elle permettrait également de réguler les problématiques d’inégalités. Une grande partie du travail de « Tous ensemble » est justement d’assurer une transition économique américaine locale. Ainsi, Aux Etats-Unis, un pays marqué par les inégalités raciales, ces transformations pourraient permettre de réduire et de gommer progressivement lesdites inégalités. L’objectif ? Ouvrir aux laissés-pour-compte de l’économie industrielle un accès facilité à l’économie locale en leur assurant un nombre juste de propriétés et d’emplois sur place. Ce mouvement mise sur les magasins de proximité avec des produits locaux ainsi qu’une restauration alimentaire approvisionnée directement par les agriculteurs locaux utilisant des pratiques réparatrices pour l’environnement.
Are we next ? Local is next
Cette année, le thème du forum est « ARE WE NEXT ? ». Pour Judy Wicks, « localisation is the next great movement » : le local est le prochain grand mouvement. Il prendra la forme d’une décentralisation de notre économie, permettant aux communautés de vivre localement en autosuffisance pour les produits de première nécessité, en tendant vers une meilleure résilience et adaptation au changement climatique. La mondialisation a mis à mal le concept même de communauté et précisément de communautés locales. Ce mouvement de retour vers le local a pour vocation de raviver les relations avec nos acteurs locaux, qu’il s’agisse de notre boulanger, du boucher du coin, ou de ce glacier qui anime la vie de quartier… Ces contacts sont pour elle des piliers de notre vie, « notre raison d’être ». Le local constituerait donc la solution la plus probable à la survie et à la qualité de vie de notre civilisation.
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Lola BROCHART