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13B / Engager la biodiversité dans nos entreprises, un impératif vital !  

13B / Engager la biodiversité dans nos entreprises, un impératif vital !  

Damien Villotta, chef de projet LPO, est intervenu pour nous rappeler l’enjeu majeur de la préservation de la biodiversité. La biodiversité, c’est-à-dire la diversité des espèces vivantes, est la condition de la survie humaine. Elle est pourtant menacée, car les milieux naturels s’appauvrissent. Il appelle donc les acteurs à créer des Refuges au sein de leurs entreprises pour enrayer le déclin de la biodiversité. 

Damien Villotta est chef de projet « Nature en ville » et « agriculture & biodiversité » pour la LPO, la Ligue pour la Protection des Oiseaux. Cette association environnementale a été créée en 1912 avec la volonté d’agir pour la protection des oiseaux et aujourd’hui plus largement des espèces vivantes. Elle est axée autour de trois grandes missions : la connaissance, la préservation et l’éducation. 

La biodiversité menacée, l’humanité en extinction ? 

Damien Villotta a élevé sa voix pour nous a alerté sur l’extinction massive de nombreuses espèces animales. M. Villotta illustre l’ampleur des dommages par des chiffres marquants : 69% des populations d’animaux sauvages vertébrés se sont effondrés en 50 ans, 75% de la biomasse des insectes ailés a disparu en 30 ans en Europe, ce qui pose un problème, car 50% des oiseaux sont insectivores. Ces chiffres ne peuvent que nous mettre face à une urgence majeure : la nécessité de protéger des espèces vivantes non-humaines.

Nous avons tendance à mettre en avant les enjeux autour du réchauffement climatique, ce qui fait de l’ombre à un enjeu plus important : celui de la disparition de la biodiversité mondiale. L’érosion de la biodiversité est un enjeu majeur, car il est irréversible. En effet, une espèce disparue est perdue pour toujours. En revanche, le changement climatique peut être enrayé si les Hommes se décident à agir collectivement et significativement. Damien Villotta évoque une perspective inquiétante : une 6ᵉ extinction de masse serait possible si on ne réussit pas à préserver la biodiversité. 

Les multiples causes de l’érosion de la biodiversité

Avant de réfléchir aux moyens d’action pour éviter l’érosion de la biodiversité, il est important d’en rappeler les causes. Les changements d’usage des terres et de la mer (artificialisation et fragmentation), la surexploitation des espèces (surpêche et chasse), le changement climatique, la pollution des eaux, des sols et de l’air (chimique, lumineuse, sonore) et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes (EEE) sont des habitudes avec lesquelles nous devons rompre pour répondre au cri d’alerte du monde vivant. 

Damien Villotta évoque un manque significatif de passage à l’action. Il explique cette tendance par ce qu’il appelle l’« amnésie environnementale » au sein de la population. Il parle d’amnésie parce que les individus ne se rappellent pas du monde dans lequel ils vivaient il y a 10 ans. Bien que l’appauvrissement de la biodiversité soit nettement perceptible à l’échelle d’une vie, les individus n’en prennent pas conscience, ce qui ralenti tout passage a l’action. 

Créer un refuge au sein de son entreprise pour enrayer l’effondrement de la biodiversité

L’association LPO encourage les entreprises à créer des Refuges au sein de leur site pour leur permettre d’entrer dans une démarche active de protection de la biodiversité. En effet, les êtres vivants ne possèdent plus que de très rares milieux de vie, ce qui les amène à se rapprocher des villes ou à périr. Ces Refuges permettent de créer des environnements propices au développement de la vie et ils sont très simples à mettre en œuvre. 

Damien Villotta expose différents moyens de favoriser la multiplication des espèces vivantes dans l’espace vert des entreprises. Premièrement, le fait d’abandonner la tonte systématique du gazon afin de laisser pousser l’herbe permet à différentes espèces de se développer. Ensuite, il encourage les entreprises à creuser des points d’eau qui permettent la naissance d’écosystèmes aquatiques. Au niveau de la construction de petits dispositifs, il confirme l’utilité des spirales aromatiques qui attirent les insectes et des habitats pour oiseaux et insectes. Les nichoirs et les gites permettent aux oiseaux de se reproduire et de se reposer lors des migrations. Il faut aussi arrêter d’arracher les plantes dites « nuisibles ». Le lierre, les orties, les trèfles sont des espèces abritant tout un cycle de vie. L’ortie par exemple est une plante dont la survie de certaines espèces de papillons dépend (reproduction). Il faut partir du principe que chaque espèce a été pensée et intégrée à la nature pour une raison, rien n’est fait au hasard. Autant de petits gestes que les entreprises peuvent mettre en place pour avoir un gros impact.

M. Villotta met en avant les perspectives écologiques de ces méthodes, mais aussi les perspectives économiques. En effet, là où les entreprises voient les efforts écologiques comme synonymes de dépenses et de coût, la gestion différenciée peut permettre d’économiser jusqu’à 20% des dépenses liées à l’entretien d’un site. La gestion différenciée est un mode de gestion plus respectueux de l’environnement et qui s’adapte à l’usage des lieux. Ainsi, dans le respect de la biodiversité, tout le monde est gagnant.

Charlie Bessenay