Comment en sommes-nous arrivés à vouloir évoluer vers une société dite “responsable” ? Si l’heure est aujourd’hui à la prise de conscience, elle est aussi au changement de mentalité.
Tendre vers une société constituée d’entreprises responsables implique qu’elles ne l’étaient pas, voire ne le sont toujours pas. En effet, le début de l’anthropocène marque un tournant majeur de l’occupation de la Terre par l’Homme. C’est là qu’il a commencé à nuire à son environnement naturel et à négliger l’impact de son mode de vie. Il nous faut aujourd’hui repenser nos modes de fonctionnement, y compris et en particulier celui des entreprises. À la Cité des Échanges, ce mardi 21 novembre, parlons responsabilité durable et utilisation de l’IA !
Développement et responsabilité durables
D’après Dhafer SAIDANE, Docteur en économie, HDR, professeur SKEMA Business School France, et Antoine GOYER, Directeur Académie de la Société Française des Analystes financiers France, il faut parler de développement durable pour pouvoir parler de responsabilité durable. Mais comment devons-nous et pouvons-nous mesurer notre degré de responsabilité durable ? Comment ajuster la performance de l’entreprise ? Grâce au calcul des coûts financiers et extra-financiers qui peuvent se faire à l’aide de… l’IA !
Afin de s’assurer que les entreprises se développent dans cette optique de durabilité sont mises en place des “solutions”. En effet, le Green Deal, projet à échelle européenne, permet de contraindre par la finance les entreprises via des conditions de durabilité pour qu’elles transitionnent vers un modèle économique durable.
Faire évoluer nos modèles économiques
Mais vers quel changement de modèle? Au lieu de parler de changement, parlons d’évolution du modèle économique, lequel est indispensable et inéluctable. Il nous faut en effet une mise à jour des moyens de production des entreprises et l’intégration des externalités négatives à ce modèle économique durable.
Pour concilier économie et vivant, il faut tendre vers une performance durable à travers, par exemple, l’UE qui impose des normes dans les changements de calcul de la productivité. Il y a toutefois des points d’éthique à respecter, bien entendu.
Le rôle de l’IA en entreprise : vaste sujet !
Maintenant, plongeons au cœur du sujet : comment l’IA va-t-elle aider à mettre tout cela en place? Tout d’abord, il est nécessaire de redéfinir l’IA. Bien que traduit littéralement depuis son nom anglais Artificial Intelligence en “Intelligence Artificielle”, il serait plus correct de la comprendre comme étant un “outil artificiel de data”, ce qui permet de cesser de le personnifier autour du terme “intelligence” systématiquement employé.
L’IA, c’est de l’information pertinente mise à disposition. C’est un outil qui répond à un besoin avant toute autre chose. Les besoins des entreprises se résument en trois points majeurs :
- un besoin d’outil d’extraction de l’information extra-financière cachée
- un besoin de prévision, grâce à l’information au sujet d’un nombre de phénomènes
- un besoin en développement de stratégies RSE, soit : comment amorcer sa transition économique.
Aujourd’hui on ne peut répondre à ces besoins sans transition numérique, donc par extension, sans cet outil qu’est l’IA.
L’IA et nous : une relation à construire
Cette dépendance à l’IA qui se dessine, suscite de nombreux questionnements, tels que : L’IA est-elle intelligente ? Peut-elle nous mettre en danger? Pas de panique, elle n’est que le reflet de nos connaissances et de ce qu’on lui donne. Donc ses limites sont connues, ce sont les nôtres. En revanche, une interrogation, prise très au sérieux à son sujet, est son utilisation en respectant des normes d’éthique.
Pour commencer, définissons l’éthique : c’est la réflexion raisonnée sur le monde que nous appliquons à travers le respect de la vie et de l’intégrité. C’est un concept qui permet de fixer des limites et d’organiser la société pour la préserver. L’entreprise utilisant l’IA se doit de respecter trois points fondamentaux : la transparence, la compréhension des actions prises, et la prise en compte des différents acteurs et utilisateurs que cela implique. C’est une notion qui évolue et se voit obtenir un cadre légal, on l’observe au niveau européen avec la RGPD et en cours de création l’IA Act. Ce dernier consiste en la certification des IA, et en la définition d’un cadre légal dans lequel elles peuvent être utilisées et par extension leurs limites.
Quelle est la place du droit là-dedans? Déjà, éthique et droit sont au final très différents et ont des univers normatifs très éloignés. Le droit consiste en des “hard laws”, et se construit sur la base d’un système rigide et vertical qui va du haut vers le bas, coercitif. Alors que l’éthique, quant à elle, est une incitation à bien agir, elle se partage et crée une boucle vertueuse. Elle donne envie de travailler au sein d’une entreprise, une chose particulièrement notable chez les jeunes générations, qui placent l’éthique en haut de leurs préoccupations. Ainsi, les normes et applications du droit et de l’éthique sont très différentes.
Afin de comprendre comment l’IA est concrètement utilisée au sein des entreprises, Laurent CHUFFART, chef de produit commercial ADEO France, nous a expliqué leur fonctionnement. Il est construit autour de 3 piliers : description, prévision et prescription. La prescription, c’est là où l’IA propose une solution, mais l’action doit être mise en place in fine par l’humain, donc l’IA sert d’outil. Les entreprises se sont demandées comment avoir un impact positif, et s’inscrire dans la démarche du développement durable ? En respectant les critères ESG et grâce aux calculs faits en amont avec l’IA, cela permet d’optimiser les opérations de transport par exemple et de voir les résultats en temps réel. C’est une planification dynamique qui offre une visibilité de production qui permet une meilleure intégration des objectifs pour l’ensemble des acteurs. Il faut se servir de l’IA pour améliorer les processus à court, moyen et long terme. L’intégration dans la supply chain de l’IA permet de calculer le réapprovisionnement, de développer le B2B et le B2C, et d’optimiser le TMS (Transport Management System). Cela permet de faire non seulement des économies mais aussi de réduire la pollution émise.
Ainsi, L’IA est considérée comme un outil d’optimisation pour les entreprises de leur système et leur permet de tendre vers une démarche plus responsable et durable, sans remplacer l’humain !
Ella boulage