Le tourisme résilient consiste à adapter le secteur au changement climatique, en mesurant sa vulnérabilité aux risques nouvellement apparus.
Les différents acteurs du secteur touristique doivent alors reconnaître ces enjeux et en tenir compte lorsqu’ils planifient l’évolution de leurs activités, comme cela a été discuté lors de cette conférence, présentée par Eliane Métreau, Animatrice Action internationale, adaptation et alimentation au sein de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie).
Le secteur touristique et ses opportunités de développement durable
Guillaume Cromer, entrepreneur et consultant au service de la transition du tourisme et ancien président des Acteurs du Tourisme Durable, rappelle en effet l’importance de rechercher les opportunités de développement durable dans ce secteur.
Pour lui, les enjeux du changement climatique sont associés à deux éléments importants : l’atténuation et l’adaptation.
En ce qui concerne l’atténuation, la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) en France vise à mesurer et orienter l’ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), ainsi que leur impact sur les différents secteurs économiques (dont le transport). Il est difficile d’intégrer le secteur du tourisme dans cette logique, puisqu’il se trouve constitué d’une agrégation de différents secteurs. Ceci entraîne alors un impact climatique disproportionné (par rapport à sa part dans le PIB national), comme l’a mesuré l’ADEME en 2021 : 11 % des émissions de GES pour 7 % du PIB.
Le deuxième axe, l’adaptation, intervient lorsque les activités et les sites touristiques sont modifiés pour tenir compte de nouveaux aléas climatiques plus forts et plus fréquents, comme les inondations, les vagues de chaleur, les méga-incendies, les sécheresses et l’érosion.
La température, indicateur clé du secteur touristique
Le simulateur du climat futur de Météo France indique les chiffres précis associés à ces évènements, et prévoit notamment une augmentation considérable du nombre de jours au-dessus de 35 degrés, ainsi que les jours secs, et ceux lors desquels l’utilisation de la climatisation sera nécessaire.
Ceux-ci montrent la nécessité des actions de l’ADEME telles que présentées par Patrick Alfano, son coordinateur du tourisme en Hauts-de-France. Ils se concentrent surtout sur le Fonds de Tourisme Durable (FTD), qui vise à accompagner les hébergeurs et restaurateurs dans la transformation de leur activité pour répondre aux priorités écologiques, par le biais d’une aide au diagnostic et d’un investissement financier.
L’ADEME a également axé ses études sur trois autres volets : le développement de la marque d’accueil vélo (recensement des sites existants et construction de nouveaux sites), l’implantation d’aires de services, et un dernier volet s’adressant aux collectivités territoriales (avec leur développement de ce type de tourisme et ses retombées économiques).
Cependant, bien que les impacts climatiques dans la région des Hauts-de-France rendent évidente sa nécessité, on rencontre encore quelques difficultés concernant la mise en place de plans d’adaptation, cette problématique étant progressive et non critique dans l’immédiat pour les entreprises. La région a même quelque peu bénéficié du changement climatique, comme le montrent les touristes qui s’y rendent comme alternative au sud du pays, en raison du surtourisme et des vagues de chaleur.
Les Hauts-de-France directement concernés par le changement climatique
La région Hauts-de-France étant déjà la plus impactée par le changement climatique en France (selon une étude d’une société australienne), la démarche expérimentale de l’ADEME sur la vulnérabilité climatique du secteur touristique est mise en avant. Ils évaluent l’exposition de plusieurs sites touristiques aux aléas climatiques les plus courants, et prévoient les impacts futurs de ces processus. Ils élaborent en conséquence des plans visant au rafraîchissement des sites, à la mise en valeur du patrimoine naturel et à la surveillance et sensibilisation à l’adaptabilité de ces sites.
Yannick Audineau, directeur du parc d’Olhain, est ensuite intervenu pour évoquer les efforts du parc pour continuer à attirer des visiteurs malgré l’accélération du changement climatique. Le contexte de la pandémie de COVID-19 leur a permis d’élaborer un programme spécifique, notamment en construisant des zones ombragées pour les files d’attente et en planifiant le renouvellement de leur territoire boisé (celui-ci étant menacé par les maladies, le stress hydrique ou la fragilité due aux vents violents). En lien avec cet axe de détermination d’un plan de gestion (tel qu’accompagné par l’ADEME) est également rattachée la question des transports publics dans la logique du tourisme durable. Ceux-ci constituent une part considérable du bilan carbone de nombreux sites touristiques. L’idée ici est de créer un motif financier pour promouvoir des formes de mobilité plus écologiques (par le biais de réductions sur les billets pour les visiteurs, et en travaillant avec les réseaux de transport locaux).
Le sujet du tourisme résilient a été abordé en dernier lieu par Pierre Chavonnet, maire de Gerberoy, l’un des Plus Beaux Villages de France située dans l’Oise, qui doit aujourd’hui faire face aux enjeux du surtourisme et du confort des visiteurs impactés par les effets du changement climatique. L’élu souligne alors qu’ils ont du déplacer leur Festival des Roses plus tôt dans l’année en raison de la floraison moindre à la fin du mois de juin, ainsi que la nécessité de créer de l’ombre et de végétaliser leur parking, pour contrer les effets des journées de chaleur extrême.
Enfin, la table ronde s’est terminée sur l’expertise d’Eliane Métreau, qui rappelle alors la nécessité de l’adaptation des sites touristiques à la surfréquentation, en lien avec l’adaptation au changement climatique, telle qu’elle a été étudiée et déterminée par l’ADEME.
L’accompagnement par l’agence des sites touristiques dans leurs objectifs de durabilité a également été réaffirmé, avec un nouveau programme accompagnant dix nouveaux sites et cinq nouveaux territoires vers une meilleure collaboration et opérabilité au profit du climat, dont l’appel à candidature a été lancé ce jour-même.
Céilí Boudignon